MANQUE (Crave) de Sarah Kane
reprise & création performance 2019
Théâtre du Galpon Genève
du 4 au 9 juin 2019 version spectacle à 20h, dimanche à 18h,
version performance les mercredi et samedi de 13h à 18h
(entrées-sorties libres des spectateurs durant la performance)
Grange de Dorigny Lausanne
30 mars 2019 version performance de 14h à 19h, version spectacle à 20h
mise en scène _ Geneviève Guhl
collaboration artistique _ Magali Fouchault
jeu _ B Nathalie Cuenet, A Monica Budde, M Ilil Land-Boss, C Camille Bouzaglo
scénographie _ Natacha Jaquerod
peintures _ Eliane Beytrison
composition et musique en directe _ Marie Schwab
régie son _ Stéphane Mercier, Fred Jarabo
lumière _ Dorothée Lebrun
régie lumière _ Claire Firmann
costumes _ Anna van Brée
administration _ Beatrice Cazorla
diffusion, médiation et presse _
captation _ Carole Messmer
partenaires, coproducteurs
Canton du Valais - Ville de Sion - Petithéâtre de Sion - Belle Usine Fully - Le Raccot, Hôpital psychiatrique de Monthey - La Loterie romande - Fond Intermittents/Genève (FEEIG) - fondation Jan Michalski
Pas de personnages, quatre femmes, une parole de femme
Il n’y a pas de personnages indiqués. Hormis la remarque de Sarah Kane qui donne ces indications :
A : l’Auteur celui qui Abuse, l’Antechrist, l’Anus
M : la Mère
B : le Boy, le garçon
C : le (Child) l’enfant, la fillette
Mais elle précise également qu’elle ne veut pas trop en dire pour laisser libre et ne pas figer les choses.
Le texte est divisé en quatre parts/voix : A, B, C, M. Mais ce poème est aussi UN geste. Cela est central dans la mise en scène. Mais c’est oui, à la fois quatre individualités, quatre facettes (au moins), alors qu’il s’agit, dans le même temps du tumulte de quelqu’un en particulier. Nous pouvons être un aspect et son opposé. Et il me paraît essentiel d’accentuer cela pour faire basculer la représentation dans la poésie.
Incarner la voix unique du poème (poète) en la faisant porter par un seul sexe : quatre femmes - quatre humanités.
Le choix de faire porter ce texte par 4 femmes se justifie par le fait qu’il s’agit clairement d’une parole, d’une écriture de femme.
Par ailleurs je souhaite donner du travail à des femmes qui en ont souvent beaucoup moins que les hommes. C’est un choix politique et artistique. Je souhaite en effet épouser quelque temps cette contrainte afin de porter un regard féminin sur les choses, le monde, les êtres. Faire jouer des rôles d’hommes aux femmes est également très ludique et amusant. Je ne le pratique pas en demandant aux femmes de ‘’faire’’ l’homme. Mais de juste être consciente qu’elles jouent des rôles d’hommes et observer ce qu’il se passe. Je trouve beaucoup de poésie et d’humour dans cet exercice.
« Manque était un renoncement encore plus poussé au réalisme et à des personnages véritables, ainsi qu’une expérience sur le rythme et la langue poétique. » (S.Kane)
version PERFORMANCE
La version performance, qui est peut-être la plus juste, affirme, par son excès, une volonté d’entrer dans la vérité du texte, à savoir une expérience qui nous sort de l’ ‘’ordinaire’’, nous plongeant dans un état exceptionnel de dilution du temps, tel le manque. La densité de l’écriture de Sarah Kane me pousse à envisager une expérience singulière, démultipliant les possibilités, déployant ainsi toute la force de l’œuvre. Après un long processus de travail sur Manque, l'oeuvre de Sarah Kane reste encore très mystérieuse. Cette performance est aussi clairement un prolongement de recherche qui contiendra certainement une part de déchet.
La performance durera donc de environ 6-8 heures consécutives et sera suivie de la mise en scène fixe de manque. Elle consistera en une longue improvisation, dans un continu déroulement du texte, respectant les participations respectives des comédiennes. Improvisation de la musique, de la lumière également. La scène sera aménagée pour que le spectateur se promène à travers une installation : alignement de lits à une place, tel un dortoir, ponctué d’œuvres de Eliane Beytrison tantôt appuyées contre un mur, tantôt se chevauchant au gré des personnages, des formes et rythmes, des formes induisant à l’espace une dramaturgie en résonnance avec celle de Sarah Kane. Le public sera convié à assister à la performance en déambulant dans le même espace.
Outre la beauté et la force de la série et sa potentialité structurante, intéressante pour le jeu des actrices, l’espace permettra des associations diverses : le dortoir : intimité et collectif – le pensionnat, la colonie, – l’hôpital – l’armée – la guerre – l’alignement des naufragés, des rescapés, les armées du salut, les réfugiés, les migrants - les refuges de montagne - les pouponnières - les colonies de vacances - les bateaux... Mais le lit est également le lieu du rêve et de l’inconscient, de la naissance, de l’amour, de la conception et de la mort. L’espace permettra différentes possibilités de sensations, de rythmiques suivant les temps du texte. C’est cela, l’espace sera plus sensations et rythmiques, qu’illustration. Les lits seront déplacés sur le côté à la fin de la performance pour permettre le bon déroulement de la mise en scène. Le spectateur sera libre d’entrer et sortir durant la performance.
> Cf. Des actrices jouent avec des peintures
Et cet amour qui transpire dans toute son oeuvre
Représentations 2017
du 9 au 12 mars au Petithéâtre, SION
+ dimanche 12 mars à midi : brunch rencontre/discussion avec Isabelle Pousseur, metteure en scène belge et Philippe Beytrison, psychothérapeute spécialiste des addictions, sur la notion de manque (captation cinématographique de la rencontre par Carole Messmer)
du 19 au 20 mai à la Belle Usine, FULLY
le 12 mai 2017, texte à voix haute, bibliothèque des Eaux-Vives, GENEVE
du 25 au 28 mai au Raccot, Quartier Culturel, Hôpital Psychiatrique de Malévoz, MONTHEY
+ atelier professionnel 4:48 Psychose de Sarah Kane dirigé par Isabelle Pousseur à Malévoz, quartier culturel, MONTHEY > lien
Presse
Le Courrier 18.04.2017, "Désespoir et amour féminins"
Le Nouvelliste
Sarah Kane est représentée par l’Arche, agence théâtrale.
La pièce Crave est publiée dans la traduction d’Evelyne Pieiller sous le titre français Manque par L’Arche éditeur (www.arche-editeur.com)
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M Il y a quelque part quelqu’un qui m’appelle, qui appelle ma mort.
B Mes doigts en elle, ma langue dans sa bouche.
C Je voudrais vivre avec moi-même.
A Pas de témoin.
M Et si cela n’a pas de sens alors c’est que tu comprends parfaitement.
A Ce n’est pas ce que tu crois.
C Non ce n’est pas ça.
M Et encore et toujours la même putain d’excuse.
C PARS.
A REVIENS.
TOUS RESTE.
extrait de Manque